De la Moselle à Vincennes…
… le voyage a été fait dans le passé ! Je farfouille en ce moment du côté des FROEMER. Le grand-père de mamie Malou, Charles FROEMER, est né à Oberstinzel en 1859, et j’ai vu que la famille est implantée dans ce village depuis au moins quatre générations. Je suis remontée jusqu’aux années 1770. Mais je me suis surtout égarée dans les chemins de traverse, en essayant de faire l’arbre complet de tous les FROEMER à Oberstinzel.
Les racines à Oberstinzel
L’ancêtre commun s’appelle Mathias FROEMER, né vers 1742 (je n’ai pas la date exacte, faute de registres paroissiaux qui remontent aussi loin). Il a épousé Anne Marguerite KLEIN, et on leur connaît au moins huit enfants.
- Marie Julienne FROEMER : 1773
- Paul FROEMER : 1774
- Etienne FROEMER : 1776-1780.
- Mathieu FROEMER : 1779-?. Premier des jumeaux, qui reprend le prénom de son père, devient cultivateur.
- Joseph FROEMER : 1779-1857. Le deuxième jumeau Joseph devient tissier, ou tisserand selon les actes (la différence est trop subtile pour moi).
- Antoine FROEMER : 1782-?. Celui-là est aubergiste, un métier original que je n’avais encore jamais croisé dans mes recherches. Il est témoin de tous les mariages de la famille, je tombe sur lui tout le temps !
- « Jean » George FROEMER : 1784-?. Cultivateur propriétaire ; c’est mon aïeul.
- Dominique FROEMER : 1790-1869. Il devient distillateur. Ce n’est pas courant dans la famille.
J’ai commencé à gratter la descendance de chacun d’eux, mais celui dont je veux parler aujourd’hui, c’est le premier des jumeaux, Mathieu. Marié à Marguerite BLAISE, qui vient de Bettborn juste à côté, ils ont une fille baptisée Marie Catherine FROEMER, née le 10 décembre 1842.

Le moulin du Saareck détruit par les Bavarois en 1914, après la bataille de Sarrebourg. En arrière-plan, Oberstinzel. Peinture de Richard Wagner (1878–1947).
Marie Catherine est domestique avant de se marier. Et je ne sais pas quels voyages elle a bien pu faire, mais elle a rencontré un menuisier né aux Halles, un village du Rhône, à l’ouest de Lyon. Il s’appelle Thomas RESSICAUD. Et les voilà qui vont s’installer en région parisienne, et se marient à Vincennes le 12 novembre 1864. Ils ont des enfants (j’en ai repéré au moins un né en 1870), et en 1872 ils habitent au 63 rue de Fontenay, en plein centre-ville.
Option pour la France
C’est cette année-là que Marie Catherine doit choisir sa nationalité : comme elle est née en Meurthe (département devenu Moselle aujourd’hui), qui a été annexée par l’Allemagne en 1871, elle doit décider de son sort. Deux textes régissent les règles pour ces dizaines de milliers de potentiels «optants» :
- L’article 2 du traité de Francfort, signé le 10 mai 1871, prévoit le cas général des personnes nées et habitant en Alsace-Moselle au moment de l’annexion : «Les sujets français, originaires des territoires cédés, domiciliés actuellement sur ce territoire, qui entendront conserver la nationalité française, jouiront, jusqu’au 1er octobre 1872, et moyennant une déclaration préalable faite à l’autorité compétente, de la faculté de transporter leur domicile en France et de s’y fixer, […] auquel cas la qualité de citoyen français leur sera maintenue.» Si on quitte l’Alsace-Moselle avant octobre 1872, on reste français.
- L’article 1 de la convention additionnelle du 11 décembre 1871 précise les modalités pour les Alsaciens-Mosellans de naissance qui résident déjà ailleurs, dans une commune conservée par la France ou à l’étranger : «L’option en faveur de la nationalité française résultera, pour ceux des individus qui résident hors d’Allemagne, d’une déclaration faite soit aux maires de leur domicile en France, soit dans une chancellerie diplomatique ou consulaire française […]. Le gouvernement français notifiera au gouvernement allemand, et par périodes trimestrielles, les listes nominatives qu’il aura fait dresser.»
Marie Catherine signe donc («assistée de son mari») le 24 juillet 1872 à la mairie de Vincennes une «option pour la nationalité française».
L’adjoint au maire
En juin 1879, quand son marie Thomas RESSICAUD meurt, le couple habite à Paris, rue de Charonne. Je n’ai pas encore trouvé la date de décès de Marie Catherine. Mais j’ai trouvé une information d’un autre genre, totalement inattendue ! Sur leur acte de mariage en 1864 (et l’acte de naissance de leur fiston) à Vincennes, l’officiel d’État civil qui consigne l’événement et signe le registre est «Michel Bérault, adjoint au maire de la commune.» Tiens donc, un rapport avec la place Bérault à Vincennes qui a donné son nom à la station de métro ?
Tout à fait. Je lis sur la page Wikipédia de la place Bérault : «Cette place porte le nom de Michel Bérault (1796-1871), d’une très vieille famille vincennoise, adjoint au maire de la ville.»
La boucle est bouclée, je suis contente.

La place Bérault, non datée.

