La plainte de la parturiente
On l’a déjà vu à Chazey-sur-Ain : les registres paroissiaux servent parfois de main courante pour consigner les événements inhabituels et importants survenus dans le village. En feuilletant un vieux registre de Hilbesheim en Moselle, à la recherche de l’acte de mariage de Jean MARTIN et Christine ADAM dans les années 1740, je suis tombée sur cette longue histoire avec des lignes soulignées.
Ça commence comme un acte de baptême classique. Avec un enfant «naturel», hors mariage, qui n’hérite pas d’un nom de famille mais de honteux points de suspensions. Sauf que pour une fois, on a l’histoire de sa conception. Sa mère a eu besoin de la faire sortir en même temps que l’enfant :
«L’an mil sept cent cinquante six, le premier janvier, est né et le même jour a été baptisé dans l’église paroissiale de Hilbesheim Michel …, fils naturel de Marguerite Henri, servante demeurant dans cette paroisse, native de Romelfing, laquelle a déclaré dans les douleurs de l’enfantement qu’en allant à Romelfing, elle avait été attaquée, forcée et violée en chemin par un soldat, dont elle ne connaît point le nom, et des œuvres duquel elle a été enceinte, selon qu’il nous a été rapporté par Marguerite Lux [?], sage-femme de cette paroisse.»

Récit d’un viol dans le registre paroissial de Hilbesheim, en 1756.
